- LUGNÉ-POE
- LUGNÉ-POELUGNÉ-POE AURÉLIEN-MARIE LUGNÉ dit (1869-1940)Véritable possédé du théâtre, Lugné-Poe avait d’abord travaillé avec Antoine. Il s’en était séparé et avait appartenu à la compagnie de Paul Fort, le Théâtre d’art. En créant le théâtre de l’Œuvre, en mars 1893, Lugné-Poe se disait partisan d’un théâtre d’idéal et d’un théâtre de l’impondérable. Les moyens scéniques de la réalisation lui apparaissaient un leurre. Il évoluera et reconnaîtra plus tard que le «langage scénique a des exigences que marchande la littérature». Méfiant à l’endroit des écoles et des systèmes, à aucun moment il n’essaiera de fonder une école; il se rattache à nous par un esprit de liberté au théâtre, hérité d’Appia. Esprit curieux, paradoxal, solitaire, il s’est attaché à la mise en scène sans jamais quitter des yeux l’acteur; c’est ce qui le distingue d’un homme comme Baty. Seul Georges Pitoëff a connu pareille passion à monter des pièces. Le théâtre de l’Œuvre durera jusqu’en 1929. Avec des succès divers, en trente-cinq années, Lugné-Poe a inscrit près de cent noms à son répertoire: Crommelynck, Bataille, Savoir, Romain Rolland, Synge, Gorki, Strindberg, Shaw. Il se passionne pour toutes les œuvres, et surtout celles d’Ibsen, de Shakespeare, de Claudel, dont il monte le premier L’Annonce faite à Marie . Il aurait pu dire avec Appia: «C’est le jeu de l’acteur que nous voulons mettre en valeur, prêt à tout sacrifier. Tout doit partir de l’acteur, tout doit tirer ses proportions de lui.» Et d’Antoine, il a compris l’affirmation qu’à côté de la «mise en scène plastique» il existait une «mise en scène intérieure, [...] l’art de révéler le fond le plus intime de l’œuvre [...]. La vérité n’est qu’un commencement».
Encyclopédie Universelle. 2012.